
Le virus chikungunya est un arbovirus, virus transmis à l’homme par les arthropodes. Les moustiques vecteurs de cette maladie sont le plus souvent l’Aedes aegypti et Aedes albopictus, ces deux espèces communes au moustique tigre sont également responsables de la transmission de maladies infectieuses telles que la dengue, du virus zika et de la fièvre jaune.
L’une des espèces est originaire d’Afrique, l’autre d’Asie du Sud-Est mais on les trouve dorénavant dans la plupart des régions tropicales du monde.
Sommaire
- Transmission du virus
- Symptômes du chikungunya
- Traitement de la maladie
- Rémission et séquelles
- Lutte contre l’infection par le chikungugnya : la prévention
- Quels sont alors les bons gestes à adopter ?
- Conseils aux voyageurs et mesures de protection
- Epidémiologie dans le monde et en Europe
- Pour conclure : le moustique un véritable serial killer
Transmission du virus
Seules les femelles moustiques Aedes sont hématophages et peuvent transmettre la maladie. On les distingue par des rayures noires et blanches.

Elles injectent un peu de salive anticoagulante avant la piqûre et c’est par ce biais que la contamination se fait. Un moustique femelle se contamine elle-même après avoir piqué un hôte infecté. Elle restera alors infectée toute sa vie (environ un mois) et pourra transmettre le virus à ses œufs. On estime qu’une femelle pond au cours de son cycle de vie environ 300 œufs.
Le virus peut se propager aux hommes, aux oiseaux, aux singes mais aussi à d’autres mammifères. Le risque de propagation est plus fort lors de la saison des pluies dans les pays tropicaux, en région tempérée les épidémies sévissent surtout l’été. Une fois l’hôte infecté, la maladie se déclare 1 à 12 jours après la piqûre et après une période d’incubation.
Symptômes du chikungunya
Le nom de «chikungunya» vient de la langue makondée et signifie « qui marche courbé en avant » évoquant alors les postures des patients lors de la maladie, imposées par les douleurs articulaires très invalidantes.
Bien que les premiers symptômes peuvent évoquer une grippe, le chikungunya peut être confondu avec la dengue. “On note initialement, un syndrome grippal avec fièvre intense, des maux de tête, des douleurs articulaires concernant principalement les petites ceintures articulaires (poignets, doigts, chevilles, pieds) mais aussi les genoux, de fortes douleurs musculaires, une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres, des douleurs abdominales, une inflammation d’un ou plusieurs ganglion(s) lymphatiques cervicaux ou encore une conjonctivite”, indique Anna-Bella Failloux de l’Institut Pasteur.
Lors des formes les plus sévères, des signes neurologiques peuvent compliquer l’état des malades. Il a alors été signalé chez les personnes immunodéprimées ou les personnes âgées des cas de méningo-encéphalites, des syndromes de Guillain-Barré, de paralysie ainsi que des myocardites. Ces pathologies associées peuvent alors parfois mener jusqu’au décès. Le taux de mortalité consécutif à la maladie est cependant très faible et avoisine les 0.4 %.
Chez les enfants, le chikungunya peut passer inaperçu et ressembler à une grippe. Pour certaines personnes même, environ 10%, la maladie est parfois asymptomatique. Lors de la grossesse, la transmission du virus materno-fœtale se produit à l’accouchement une fois sur deux et entraîne chez les nouveau-nés des atteintes neurologiques et cardiaques graves mais il ne semble pas provoquer de malformations.
Le diagnostic de la maladie passe généralement par un examen sanguin. Il met en évidence une baisse des lymphocytes (globules blancs) et des plaquettes dans le sang ainsi qu’une augmentation des transaminases (enzymes hépatiques). Une sérologie est prescrite afin de certifier les résultats. Ces tests immuno- enzymatiques permettront d’établir ou non la présence d’anticorps IgM et IgG.
Traitement de la maladie
Il n’existe pas de traitement antiviral particulier pour guérir la maladie. Le traitement repose essentiellement sur un soulagement des symptômes par l’administration d’anti-douleurs et d’anti-inflammatoires. Pour les cas les plus sévères, il peut être envisager un thérapie à base de corticoïdes. L’aspirine est déconseillée en raison du risque fort d’hémorragie durant la maladie. Des médicaments alternatifs ont fait l’objet d’essais cliniques afin de déterminer de leur efficacité sur le chikungunya.
La nivaquine, médicament antipaludique utilisé partout à travers le monde, ne s’est pas montré particulière efficace. Cependant la ribavirine, médicament antiviral utilisé pour le VIH et les hépatites, semble agir en réduisant de manière significative la durée de l’infection.
Des traitements alternatifs peuvent être proposés.
- La kinésithérapie et les massages pour soulager les douleurs musculaires
- La cryothérapie (utilisation du froid) pour réduire les douleurs articulaires.
- Au début de symptômes, une immobilisation des articulations par des orthèses peut favoriser la guérison.
- L’acupuncture qui donnerait également de bons résultats
Bon à savoir : Ce virus est détruit par de l’alcool à 70° et est inactivé quand la température extérieure dépasse 58 °C.
Rémission et séquelles
L’extrême grande majorité des patients guérissent complètement mais dans certains cas, une fatigue importante ainsi que une arthralgie peut persister et invalider le malade durant des mois voir des années après la découverte de la maladie, qui prend alors un caractère chronique.
Les douleurs articulaires subsistent notamment sur les articulations déjà sensibilisées ou traumatisées, l’inflammation est alors telle qu’elle reste au quotidien difficile à maîtriser entraînant également pour les patients les plus fragiles des épisodes de dépression. Cependant toute personne qui a été infectée acquiert alors une immunité qui restera effective plusieurs années.
Lutte contre l’infection par le chikungugnya : la prévention
A ce jour, il n’y a pas de vaccin préventif pour contrer cette maladie. Mais un vaccin élaboré à partir du vaccin contre la Rougeole est en cours d’expérimentation par les chercheurs de l’institut Pasteur . Ce vaccin expérimental a mis en évidence des résultats prometteurs. Il stimulerait la production des anticorps contre le virus du chikungunya.
Quels sont alors les bons gestes à adopter ?
La lutte contre l’infection du chikungunya repose sur la prévention. Il convient alors de réduire les risques de propagation et l’exposition au moustique contaminé.
Au niveau de l’habitat, il est impératif d’éliminer les sources potentielles favorables à la reproduction du moustique-tigre, à savoir les étendues stagnantes d’eau (pots de fleurs, vases et divers contenants extérieurs) et également de traiter les piscines ou de les couvrir. Il convient également penser à vérifier le bon écoulement des gouttières.
Précisons également que l’homme contaminé étant alors lui aussi vecteur de la maladie en période d’épidémie, il est nécessaire d’isoler les malades par une quarantaine à domicile.
Conseils aux voyageurs et mesures de protection
Si vous voyagez dans une zone à fort risque de contamination ou un pays tropical, vous devez prendre quelques précautions pour éviter de contracter la maladie.
Voici quelques conseils :
- Porter des vêtements longs et couvrants ainsi que des chaussures fermées ou montantes
- Utiliser des vêtements que vous aurez traités à l’insecticide en cas de très grand risque
- Appliquer un anti-moustique sur les zones non-couvertes de votre corps
- La nuit, il est conseillé de dormir sous une moustiquaire imprégnée de lotion insecticide
Epidémiologie dans le monde et en Europe
La toute première épidémie du chikungunya est apparue en Afrique, spécifiquement en Tanzanie en 1952. Depuis, les foyers épidémiques n’ont cessé de progresser, notamment sur le continent africain et en Asie.
En 2005, le virus a contaminé gravement l’Océan Indien à l’Ile de la Réunion. Un tiers de la population fut infectée et on estimera le nombre de morts à 203 personnes. En 2006, les Seychelles, Maurice et Mayotte ont également été touchés. Une très grande épidémie eut également lieu en Inde en 2006 et 2007. L’Organisation Mondiale pour la Santé a signalé environ 1,25 million de cas avec un taux de propagation de presque 45% dans certaines régions. Les régions les plus touchées étaient notamment Karnataka et Maharashtra.
En Europe, le plus grand nombre de cas détectés sont des cas importés des foyers épidémiques. Les premiers cas de chikungunya en Europe furent découvert en Italie en 2007, dans le district de Ravennes dans le Nord-Est de l’Italie. En France métropolitaine, il faudra attendre 2010 pour qu’un cas soit signalé dans le Var.
En 2013, l’épidémie a gagné du terrain aux Antilles en apparaissant à St Martin. Elle s’est ensuite propagée en Martinique et en Guadeloupe pour rapidement toucher alors toute la Caraïbe puis le continent américain.
C’est durant l’été 2014 que l’épidémie s’est le plus développée en France, avec 475 cas signalés par les autorités sanitaires, la période estivale étant plus propice à la prolifération du moustique tigre. Il y eut également de nombreux voyageurs en provenance des Antilles (région touchée) qui sont alors arrivés en France.
Enfin, devant un fort risque de propagation dans les régions tempérées, en 2018, la présence du moustique tigre dans de nombreuses régions françaises a appelé à la vigilance dans le pays. Des épandages et démoustications de prévention dans les secteurs à risques ont été effectués.
Il faut savoir qu’en France maintenant, environ 30 départements regroupent l’ensemble des conditions optimales pour la propagation du moustique tigre :
- la présence de l’espèce de moustique incriminée
- la température extérieure favorable
- l’humidité ambiante qui favorise l’éclosion des œufs
- enfin une fréquentation importante de la région par des voyageurs revenant de pays dans lesquels le virus est présent.
Afin de prévenir, de suivre et d’enrayer les épidémies, le chikungunya est maintenant sur la liste des maladies à signalement obligatoire par les autorités sanitaires.
Pour conclure : le moustique un véritable serial killer
Le chikungunya est l’une des maladies tropicales transmises à l’homme par le moustique les plus répandues dans le monde avec le paludisme, la fièvre jaune et la dengue.
En pleine émergence ces dernières années dans les pays en voie de développement, ces maladies vectorielles se déplacent avec le moustique, d’où la complexité à contenir et à enrayer les épidémies. La multiplication des flux migratoires associée à des changements majeurs de notre climat explique en partie l’émergence massive de ces maladies vectorielles.
Voilà pourquoi les épidémies ne cesseront donc de croître. Mais les progrès de la science et de la médecine nous permettront peut-être un jour de faire barrière à ces virus.
