Les moustiques sont-ils vraiment dangereux ?

moustique

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les moustiques font bien partie des animaux les plus dangereux au monde. Chaque année, des centaines de milliers de personnes perdent la vie des suites d’une maladie transmise par un moustique. Malgré les moyens importants mis en place pour limiter la propagation de ces virus, plus de la moitié de la population mondiale est exposée à des espèces de moustiques potentiellement porteurs de maladies, ce qui en fait un enjeu sanitaire majeur.

Les risques encourus

La transmission de maladies

Contrairement à une idée répandue, les moustiques ne piquent pas dans le cadre de leur alimentation, qui est principalement à base de nectar. Seule la femelle pique, afin d’apporter un supplément de protéines indispensable au développement de ses œufs. Les humains ne sont pas les seuls concernés, puisque les moustiques peuvent piquer des mammifères, des oiseaux et même des animaux à sang froid.

Lorsqu’un moustique pique, il insère sa trompe sous la peau de sa victime pour prélever du sang dans un vaisseau. Simultanément, cette action libère de la salive qui agit comme un anesthésiant local, mais qui permet aussi de fluidifier le sang afin d’empêcher sa coagulation dans la trompe du moustique. Cette substance reste sous la peau après le départ du moustique, ce qui provoque les symptômes d’irritation et de démangeaison que nous connaissons bien, pénibles mais sans danger.

Le canal servant à aspirer le sang est différent de celui injectant la salive. Ainsi, le sang n’est jamais en contact avec la salive et circule à sens unique dans la trompe du moustique. Il n’y a donc pas d’échange de sang possible entre le moustique et sa victime, ou d’une victime à la suivante. De ce fait, comme l’explique le SIDA Info Service, des virus tels que le VIH ne peuvent pas être transmis par les moustiques, qui les digèrent sans être infectés. De plus, si du sang contaminé venait à rester sur la trompe du moustique et pénétrer par la suite dans un organisme sain, la quantité serait bien trop faible pour transmettre le virus.

Les moustiques sont vecteurs de plusieurs types de maladies liées à des virus (appelés arbovirus), à des bactéries ou à des parasites utilisant les moustiques comme hôtes. Les principales maladies véhiculées, listées par le Ministère de la Santé, sont les suivantes :

  • Le chikungunya
  • La dengue
  • Le virus Zika
  • La fièvre du Nil occidental
  • La fièvre jaune
  • Le paludisme

Quelles espèces de moustiques sont dangereuses ?

Il serait erroné de penser que tous les moustiques sont potentiellement dangereux. En effet, seules les femelles de 6% des 3 500 espèces de moustiques répertoriées prélèvent du sang humain pour la maturation de leurs œufs. À cela s’ajoute que la plupart des espèces de moustiques disposent de défenses adaptées contre les maladies citées précédemment, et ne les transmettent donc pas à l’Homme.

Les espèces transmettant ces six maladies appartiennent principalement à trois genres :

Parmi le genre Aedes, on peut notamment citer les espèces Aedes albopictus (moustique tigre), Aedes aegypti et Aedes japonicus, qui contribuent surtout à propager le chikungunya, le virus Zika, la dengue et la fièvre jaune. Les moustiques Aedes hensilli et Aedes polynesiensis sont également des vecteurs importants de ces maladies, notamment pour le virus Zika.

Le fléau du paludisme est quant à lui uniquement transporté par le genre Anopheles. De nombreuses espèces appartenant à ce genre de moustiques peuvent véhiculer le parasite responsable du paludisme, selon les régions du globe.

Concernant la fièvre du Nil occidental, elle se transmet principalement par des espèces appartenant au groupe Culex, notamment le Culex pipiens. Dernièrement, des études ont cependant montré que, dans une moindre mesure, les moustiques Aedes albopictus et Aedes japonicus pouvaient également propager ce virus.

Les risques en France métropolitaine

Le Ministère de la Santé précise qu’en France métropolitaine, le principal risque de contamination provient de l’importation des maladies par les voyageurs. En effet, à leur retour d’un séjour dans une zone endémique, les personnes infectées peuvent se faire piquer par un moustique et transmettre la maladie contractée.

Le moustique tigre

Dans un contexte de changements climatiques, la présence de certaines espèces d’insectes telles que le moustique tigre se renforce sur le territoire, contribuant à la propagation de ces maladies jusqu’alors absentes de nos régions.

Du 1er mai au 29 novembre 2019, Santé publique France rapporte ainsi que 657 cas de dengue, 56 cas de chikungunya et 6 cas de virus Zika ont été importés en France par des voyageurs. Cette même année, le moustique tigre est responsable de l’apparition de 9 cas autochtones de dengue et de 3 cas autochtones de virus Zika.

Le risque de succomber de l’une de ces maladies en France métropolitaine est très faible mais pas inexistant, d’après le Professeur Stéphane Gayet, infectiologue au CHU de Strasbourg. Dans le cas du virus Zika, le danger est surtout important lors de la contamination d’une femme enceinte, l’infection pouvant causer des malformations chez l’enfant à naître.

Suite à une piqure de moustique dans une zone géographique susceptible d’abriter des moustiques tigres, si des symptômes surviennent (tels qu’une forte fièvre, des douleurs articulaires, des syndromes digestifs ou des éruptions cutanées), consultez rapidement un professionnel de santé.

À noter que le moustique tigre (Aedes albopictus) n’est pas la seule espèce à se développer sur le territoire, comme le montre l’une des cartes de l’ECDC (European Centre for Disease prevention and Control). L’espèce Aedes japonicus, implantée depuis plusieurs années chez nos voisins Allemands et Suisses, s’est répandue dans quelques départements de l’Est de la France. L’espèce Culex pipiens est également présente sur le territoire. Ces deux espèces sont notamment susceptibles de contribuer à la propagation de la dengue, du chikungunya et de la fièvre du Nil occidental.

Les mesures de prévention

Afin de réduire efficacement la concentration de moustiques autour de vous, la première action à mener concerne les larves de moustiques pouvant se trouver à proximité ou à l’intérieur de votre habitation. Pour cela, il suffit de retirer toutes les eaux stagnantes telles que les gouttières, les vases et dessous de pots pour végétaux, etc. Pour celles qui ne pourraient être supprimées, il est conseillé de les fermer par une moustiquaire.

Lors de l’apparition d’un cas de maladie possiblement transmissible par le biais des moustiques, des opérations de démoustications sont impérativement menées autour des établissements de santé et des habitations des malades, afin d’enrayer la propagation des virus. En dehors de ces opérations ponctuelles d’épandages d’insecticides, actuellement il n’existe pas de programme national pour lutter contre l’expansion du moustique tigre.

En France, chaque département est responsable de mettre en place un programme particulier sur son territoire.

Des informations spécifiques à votre département peuvent être trouvées auprès des instances suivantes :

  • Entente interdépartementale Rhône-Alpes pour la démoustication
  • Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen
  • Établissement interdépartemental pour la démoustication du littoral Atlantique
  • La Brigade Verte dans le Haut-Rhin
  • Syndicat de lutte contre les moustiques du Bas-Rhin

Grâce à des cartes du Ministère de la Santé sur le moustique tigre, il est possible de vérifier l’implantation de cette espèce invasive dans votre département. Vous pouvez aussi contribuer à son signalement sur l’application mobile IMoustique (disponible sur l’AppStore et Google Play).

Comment se protéger des piqures ?

Si ces mesures de prévention s’avèrent insuffisantes, les moyens de lutte contre les piqures sont plus nombreux. On peut citer l’utilisation de produits anti-moustiques (directement sur la peau, en diffusion à l’intérieur des habitations, ou en serpentins à l’extérieur), mais aussi des habitudes vestimentaires. Porter des vêtements amples, couvrants et de couleurs claires limite le risque de piqures. En effet, les couleurs sombres gardent davantage la chaleur, ce qui attire les moustiques.

Également, il semblerait que les moustiques aient une antipathie pour les zones froides et les courants d’airs qui les déstabilisent. Si vous disposez d’un système de climatisation dans votre habitat, il peut s’avérer plutôt efficace.

Enfin, l’installation de moustiquaires aux fenêtres reste toujours le moyen le plus sûr d’empêcher l’intrusion de moustiques chez vous. Vous pouvez également en installer dans vos conduits de ventilation et vos grilles d’aération.

Les moustiques sont donc bien une espèce particulièrement nuisible pour l’Homme, contribuant à véhiculer rapidement des maladies parfois mortelles. Même si les risques restent aujourd’hui limités en France métropolitaine, il est important de faire preuve de vigilance. Tenez-vous informé de l’exposition de votre département et adoptez un comportement responsable, d’autant plus si vous comptez des personnes vulnérables dans votre entourage.

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